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I

LA GALANTE AVENTURE D’UN PETIT REPORTER.


Il était huit heures du soir.

Alban Ruel, le reporter de la petite nouvelle, s’arrêtait devant la maison de LA PETITE MODISTE et jetait vers les fenêtres d’en haut un regard ardent.

Nulle lumière ne brillait.

Il demeura songeur et perplexe.

— Elle m’avait bien assuré, murmura-t-il, qu’une petite clarté traverserait les rideaux de la fenêtre du milieu, à huit heures précises !

Il consulta sa montre.

Elle marquait huit heures trois minutes.

Le jeune homme attendit deux autres minutes les yeux attachés sur la fenêtre du milieu.

Toujours rien

— Allons ! elle aura oublié le signal convenu. Tant pis ! je monte. La peur ne me connaît pas. Je suis de petite taille, mais cette taille est pleine de cœur !

Et relevant la tête avec audace, retroussant d’un coup de doigt expert les pointes de sa petite moustache blonde, le reporter ouvrit la porte d’entrée et monta l’escalier.

À la porte du haut il frappa trois petits coups, comme il avait été convenu la veille.

Une demi-minute à peine s’écoula et la porte fut ouverte.

Le jeune homme jeta un rapide coup d’œil dans l’atelier de LA PETITE MODISTE DE LA RUE DEMONTIGNY qui n’était éclairé, à ce moment, que par une veilleuse.

Puis, il fut très surpris de trouver devant lui une jeune fille inconnue, très blonde et très jolie. Cette jeune fille souriait au reporter comme si elle l’avait attendu.

— Mademoiselle Buchet n’est pas là ? interrogea Alban Ruel, le cœur battant tambour.

— Elle est sortie pour une heure, ou deux peut-être. Si vous voulez entrer…

La jeune fille très blonde et très jolie s’effaçait.

Le jeune homme la considéra un instant avec curiosité, et peut-être avec admiration.

Elle, baissa les yeux et rougit.

Dans la demi-obscurité de l’atelier, cette jeune fille apparaissait aux yeux ravis du journaliste comme une étoile rayonnante.

Elle était vêtue d’une robe en soie bleu pâle, dont la jupe ne dépassait pas d’un pouce la rotule du genou. Et par un ricochet du regard Alban aperçut une jambe délicieuse dans un bas rose, et cette jambe était terminée par un petit pied chaussé d’un soulier de satin noir.

Il frémit jusqu’à l’âme !

Il abaissa ses paupières une seconde, comme s’il eût été ébloui ou gêné par le sourire que la jeune fille lui lançait.

Un trouble immense l’agita.

Puis, ayant reporté ses regards sur la jolie silhouette, il murmura, très gêné :

— Pardon mademoiselle… je reviendrai plus tard. Mademoiselle Buchet devait me remettre… — il s’ingéniait à trouver un petit mensonge pour expliquer sa venue et en même temps pour ne pas compromettre la maîtresse du lieu — oui, je venais chercher un paquet pour une dame… Peut-être en sa-