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QUATRIÈME PARTIE.

n’était point dans une des pauvres cabanes dispersées sur le flanc du Mamturck que se cachait le major Percy Mortimer ; c’était là, tout près de lui, derrière cette planche, dans la chambre de l’heiress !

Il le savait ; il en eût juré sur son salut.

Tout sert d’indice à la jalousie. Les distractions d’Ellen durant la prière avaient excité les premiers soupçons de Jermyn. Ces soupçons s’étaient accrus par la fuite soudaine et silencieuse de l’heiress ; mais ce qui les avait confirmés surtout, c’était l’obstination des deux chiens de montagne à garder cette porte en menaçant et en grondant.

L’instinct des animaux obéit à la haine des hommes. En France, aux époques de persécutions, des limiers dressés faisaient la chasse aux victimes ; en Irlande, les chiens flairent de loin l’uniforme, montrent les dents et se ramassent, préts à bondir, quand un habit rouge approche, comme s’ils sentaient les fumées ennemies du loup.

Jermyn avait compris le manège des deux chiens de montagne comme s’ils lui eussent dit en bon irlandais du Connaught : « Il y a là un soldat saxon. »

Ce fut un coup cruel. Il y eut en lui à la fois