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QUATRIÈME PARTIE.

pas absolument la signification de cette scène, mais elle écrivit à tout hasard sur son album : « Conversation dramatique entre Joshua Daws, esq., et un paysan irlandais père de deux enfants qui aiment les croquignoles. »

Gib avait baissé la tête et tenait ses bras croisés sur sa poitrine.

— Vous êtes un bon père, mon ami, lui dit Joshua Daws ; ce que vous allez faire aujourd’hui assurera le bonheur de vos enfants.

— Je le crois, je le crois ! répondit tout bas le coupeur de tourbe.

— L’heure avance, reprit Daws ; êtes-vous prêt ?

Le juge, le bailli et les officiers de justice tendirent avidement l’oreille.

Gib ne répliqua point. À ce moment suprême, son cœur se soulevait contre sa propre infamie ; il ne trouvait point en lui la force de consommer sa trahison.

— Êtes-vous prêt ? répéta Joshua Daws.

Gib se redressa ; les veines de son front se gonflèrent ; il regarda l’intendant de police en face, et sa bouche s’ouvrit pour prononcer un refus. Mais en ce moment de silence le caquet des enfants qui parlaient tout bas vint frapper son oreille ; son regard, attiré invinciblement,