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QUATRIÈME PARTIE.

chancelante, au bras de Francès, et se laissait guider comme un enfant qui ne sait point la route.

Francès, avec son intelligence vive et droite, avait deviné qu’on allait les retenir prisonnières, à cause des révélations entendues. Elles savaient trop désormais pour qu’on n’essayât point de leur clore la bouche à tout prix.

Son premier mouvement fut d’entraîner Georgiana hors du château. Au bas du parc, du côté de la baie de Kilkerran, devait se trouver la voiture qu’elle avait demandée la veille pour retourner à Galway.

Mais le parc était vaste et la descente difficile. Georgiana, faible encore et à peine remise de son évanouissement, marchait d’un pas lent et mal assuré. Francès la soutenait de son mieux et l’encourageait.

En passant, elles jetèrent toutes deux à la fois un regard ému vers les vieilles ruines de Diarmid, qui se dressaient, sombres et hautaines, à l’extrême sommet du cap.

Georgiana faisait un retour sur elle-même, et sentait un frisson lui glacer le cœur. Elle se voyait descendre vivante en cette noire tombe. La pensée de Jessy O’Brien qui se mourait, enfermée sous les ruines, glissait sur son esprit