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LA GALERIE DU GÉANT.

Aux montées, Morris regagnait un peu de terrain qu’il reperdait aux descentes ; la distance entre lui et la voiture ne variait pas sensiblement désormais.

Néanmoins il gardait sa volonté obstinée ; il espérait en la longueur même de la route. Si francs du collier que soient les petits chevaux du Connaught, deux ou trois heures de grand trot sur un chemin rocheux, défoncé, presque impraticable, devaient bien avoir raison enfin de leur ardeur. Morris mesurait sa course et ménageait ses forces.

Son calcul était juste. Lorsque les chevaux s’engagèrent dans les terrains bas et marécageux qui entourent Galway au nord et à l’ouest, ils ralentirent le trot, et Morris avait repris tout son avantage au moment où la voiture dépassait les premières maisons de la ville.

Mais ici les circonstances changeaient. En pleine campagne, Morris, à supposer qu’il eût été le plus fort, aurait arrêté la voiture et parlé en maître. Dans les rues de Galway, ce moyen n’était plus de mise. Morris n’essaya plus de gagner les chevaux de vitesse, il les suivit seulement à distance, afin de connaitre la demeure de la prétendue Mary Wood.

Les faubourgs et les rues éloignées du centre