Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
QUATRIÈME PARTIE.

place de forme irrégulière qu’encombrait une foule murmurante et agitée. Le nom de Mac-Diarmid vint frapper à plusieurs reprises l’oreille de Morris, qui enfonça son chapeau sur ses yeux pour n’être point reconnu.

Il voulait se glisser inaperçu et suivre la voiture, dont la marche ralentie perçait péniblement les rangs de la foule.

Mais les bords étroits du chapeau irlandais ne pouvaient longtemps lui servir de voile.

— Morris ! Morris ! murmura-t-on bientôt de toutes parts.

Ce n’était point le joyeux cri de bienvenue qui accueillait d’ordinaire sa présence : il y avait dans les voix une sorte de compassion timide et triste.

Morris faisait la sourde oreille, emporté par sa poursuite obstinée.

Mais tout à coup il s’arrêta court.

Il venait d’entendre dans un groupe de montagnards une voix qui disait :

— Voici le bon Morris, que Dieu le bénisse !…

Il vient assister son vieux père, qui a grand besoin de consolations !

Morris jeta autour de lui son regard, comme un homme qui s’éveille. Il était devant le tribunal de Galway. Cette foule assemblée lui par-