Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
QUATRIÈME PARTIE.

meurtre de son père ! Elle aimait tant Owen !… Son cœur eût saigné si cruellement à le soupçonner du crime qui l’avait faite orpheline !

Owen Ja rassura par de nouveaux serments. Lorsqu’il lui mit au front le baiser d’adieu, il ne s’aperçut point qu’il y avait sur son doux visage comme un reflet de résolution sombre et forte.

Il suivit ses frères. Kate resta dans la chambre où le corps de Dan avait été exposé la nuit précédente.

Jermyn aussi demeura dans la salle commune ; il refusa de se joindre à ses frères pour le pieux devoir qu’ils allaient remplir, comme il avait refusé quelques heures auparavant de suivre le cortége qui conduisait Dan au cimetière.

Il était assis sur la paille, et ne bougeait point. Sa figure, naguère encore intelligente et vive, n’exprimait plus qu’une morne apathie ; ses traits si délicats et si beaux avaient pris un aspect de rudesse sauvage mélée de lourde inertie.

Il semblait ne point penser, et végétait, idiot, sur son tas de paille.

Kate s’était assise au pied du lit conjugal. Elle attendit quelques minutes, immobile et plongée dans une absorbante méditation. Un