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LA GALERIE DU GÉANT.

Mickey distribua cinq jeux, de cinq cartes chacun, puis il retourna l’atout.

— À vous d’abattre, Sam, dit-il.

La curiosité du géant commençait à être excitée. Malgré la lenteur pesante de son intelligence, il commençait à voir dans cette partie engagée si bizarrement autre chose qu’un passe-temps frivole.

Il se leva, et de la place où il était sa grande taille domina la table et les joueurs.

Les enfants, à bout de patience, et ennuyés de la sagesse qu’on leur imposait, brûlaient d’envie de voir. Ils se glissèrent doucement et entourèrent la table, tâchant de fourrer leurs têtes blondes entre les joueurs et de regarder.

Il n’y avait que la pauvre femme qui ne prit aucun intérêt à cette scène. Elle ne comptait pas encore trente ans ; son visage, qui avait dû être beau, gardait les traces presque effacées de la vivacité irlandaise ; mais il n’y avait plus en elle ni jeunesse ni ressort. Tant de privations avaient pesé sur elle ! elle avait tant souffert ! Les cris de ses enfants, qui demandaient du pain, lui avaient tiré tant de larmes !…

Sam abattit la carte. Le jeu était une sorte de mouche, fort usitée dans les comtés de