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QUATRIÈME PARTIE.

quoi restez-vous tristes et mornes devant moi ?… Nos pères mouraient au combat, et je fais comme nos pères, puisque je succombe en cette lutte de l’Irlande opprimée contre l’infâme Angleterre !… Buvez, Morris ! buvez, Mickey ! et vous tous, mes fils aimés !… il faut vous réjouir, car c’est une belle mort que celle de votre père !

— Notre père a raison, dit Morris, dont la voix démentait les paroles ; soyons joyeux et apprenons de lui à mourir pour l’Irlande.

Les autres frères voulurent parler à leur tour, mais les mots s’étouffaient dans leur gorge oppressée.

— Demain, reprit le vieillard, quand vous reverrez la noble heiress, dites-lui que j’aurais voulu baiser sa main chère avant de m’en aller de ce monde… dites-lui que je vous ai légué mon dévouement et mon amour… dites-lui qu’elle sera heureuse et grande et vénérés tant qu’un seul fils de Diarmid restera vivant !… Quant à Natty, à Dan et à Jermyn, dites-leur que j’ai pardonné leur absence… Natty et Dan sont de vaillants garçons… mon beau Jermyn sera un homme, j’espère… Oh ! que j’étais un heureux vieillard et que Dieu m’avait donné de dignes fils !

Sa voix trembla légèrement sur ces paroles,