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QUATRIÈME PARTIE.

sère ! qui tue notre belle Irlande et qui la déshonore !

Le front de Mills se courba ; un instant il demeura muet.

Quand il reprit la parole, ce fut pour exiger d’un ton d’autorité le pardon du coupeur de tourbe et de ses deux enfants.

— Mes fils, dit-il ensuite en redressant sa belle tête de patriarche, vous êtes tous des hommes à présent et vous n’avez plus besoin de moi pour guider votre marche dans la vie… Je sais : que vous êtes de dignes chrétiens et de braves cœurs… En mourant, je n’ai qu’une recommandation à vous faire : aimez l’Irlande comme une mère chérie ; donnez-lui les forces de votre corps et les élans de votre cœur… Vivez pour elle ; mourez pour elle !

Il repoussa le mets qui était devant lui, et joignit ses mains blanchies par la longue oisiveté de la prison.

— L’Irlande ! répéta-t-il avec un accent qui peignait toute sa passionnée tendresse ; l’Irlande ! la terre sacrée que Dieu châtie aujourd’hui dans sa justice, mais qu’il relèvera demain !… Vous vivrez assez, enfants heureux, pour voir la jeune splendeur de la patrie !.… Car nous vaincrons, je vous le dis, je vous le dis ! et Dieu donne la