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QUATRIÈME PARTIE.

le crois, je le sais, puisque Dieu nous a envoyé, dans sa pitié souveraine, ce grand et pacifique sauveur… Les temps d’épreuves sont accomplis, et ce dur eselavage où les pères ont vécu, les fils délivrés refuseront d’y croire… Que de gloire, enfants ! que de force, que de bonheur dans l’avenir !…

Il leva son verre jusqu’à ses lèvres, et but en s’inclinant silencieusement devant l’image d’O’Connell.

Puis il repoussa de la main son verre vide.

— Mes lèvres ne toucheront plus une goutte de cette liqueur, dit-il. J’ai bu ma dernière santé… Maintenant, mes fils, nous allons nous séparer… S’il est vrai que les magistrats aient avancé l’instant de ma mort, je veux donner les heures qui me restent au salut de mon âme.

Aux premières paroles du vieillard, Morris avait tressailli vivement, comme un homme surpris au milieu de sa rêverie par l’heure qui sonne et qui lui rappelle tout à coup un devoir omis.

Ses frères et lui échangèrent des regards inquiets. Le soleil baissait à l’horizon et glissait ses rayons obliques jusque dans l’intérieur de la cellule.