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QUATRIÈME PARTIE.

vivement un verre, y déposa quelque chose et le remit sur la table.

— Mes fils, disait en ce moment le vieillard, il est temps de vous retirer.

Les Mac-Diarmid se levèrent,

Morris prit une cruche de wiskey pleine encore, et emplit les verres à la ronde.

— La rosée de nos montagnes est une amie perfide, dit le vieux Mills qui secoua en souriant sa tête blanchie. Je ne veux plus boire, mon fils Morris, parce que le prêtre va venir et qu’il me faut toute ma raison pour entendre parler de Dieu.

Un craintif embarras se peignit sur les traits des jeunes gens.

— Un dernier toast ! murmura Mickey.

— Non, répliqua Mills d’un ton ferme. Nous ne sommes pas à la maison des Mamturcks où le sommeil de la nuit dissipait les fumées du potteen… Je veillerai jusqu’au jour, et je veux toute ma force pour regarder en face ma dernière heure… Enfants, retirez-vous.

Les Mac-Diarmid demeuraient immobiles et les yeux baissés, Morris avait aux tempes des gouttes de sueur.

Il avait manqué l’occasion d’agir, et l’occasion perdue s’enfuyait ; il ne savait plus comment la ressaisir.