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QUATRIÈME PARTIE.

se diriger vers la ville, et les sentiers ignorés où l’avait guidé l’heiress aboutissaient à cette grotte lointaine…

Si Ellen allait essayer de le tromper encore !

Quelle puissance un jour de retard donnerait aux manœuvres de ses ennemis ameutés !

La respiration d’Ellen, égale et douce, annonçait un sommeil profond…

Au dehors, Jermyn veillait. La nuit était tout à fait tombée. Le vent se levait violent ; de gros nuages noirs couvraient le ciel.

La mer se brisait avec furie sur les rochers voisins ; il faisait tempête. Les ténèbres étaient si profondes que les profils gigantesques de la colonnade de Ranach ne se détachaient plus sur le ciel noir.

Une brume épaisse, qui luttait encore contre les premiers efforts de l’orage, ensevelissait la côte.

Jermyn grelottait dans le trou du roc qui lui servait de cachette.

Autour de lui, le brouillard s’étendait comme une muraille impénétrable à l’œil. À quelques pieds de lui, toute chose devenait invisible.

Il attendait, immobile et patient. Il attendait depuis bien longtemps…

Un bruit se fit enfin du côté de l’entrée des