Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
QUATRIÈME PARTIE.

stupéfaction un homme de grande taille qui s’avançait d’un pas ferme et la tête haute.

Crackenwell gronda un blasphème, et dégaina le long couteau qu’il avait passé à sa ceinture.

Montrath n’était lâche que vis-à-vis du souvenir de son crime. C’étaient les menaces de ses complices qui lui faisaient peur. En face d’un danger physique, il retrouva le sang-froid d’un homme.

Passé maître, comme tout gentleman, au maniement du pistolet, il visa résolument l’intrus au cœur et pressa la, détente. Le coup partit, mais au moment même où la poudre s’enflammait, le shillelah de Morris avait sifflé décrivant une courbe rapide.

La balle alla s’écraser contre les pierres de la muraille.

L’arme s’échappa de la main du lord, dont le bras brisé retomba, inerte, le long de son flanc.

— Ne touchez pas à votre autre pistolet, Montrath ! dit la voix impérieuse du jeune maître, ou je vous tue.

Au bruit de l’explosion, Jessy, trop faible, s’était affaissée de nouveau sur la terre en poussant un gémissement étouffé. Ses yeux troublés n’avaient point pu reconnaître Morris.

Il n’en était point de même de Robert Crac-