Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
959
LA GALERIE DU GÉANT.

Quand la tempête faisait trêve un instant, il leur semblait entendre comme une clameur lointaine, au delà du sommet du cap. Parfois encore, il leur semblait que le ciel prenait des reflets rouges au-dessus de leurs têtes, comme si un immense incendie se fût miré dans les nuages abaissés…

Ce ne pouvait être le feu du cap Ranach, qui s’éteignait maintenant et ne jetait plus que des lueurs assombries.

Quelques-uns, pressés de voir, s’écartaient de la base du cap, malgré les ordres de Brazer, et regardaient de tous leurs yeux. Mais l’immense colonnade surplombait au-dessus d’eux. Ils n’apercevaient que le ciel sanglant, qui s’éteignait par intervalles et ramenait la nuit plus noire.

Brazer désespérait et proférait déjà contre Kate, insensible et comme pétrifiée, de sourdes menaces.

Les heures s’écoulaient l’une après l’autre, la tempête mugissait toute seule.

Enfin une lueur parut dans les rochers, à l’angle du cap. Les dragons se reculèrent et retinrent leur souffle.

Brazer seul et Kate Neale, qui était auprès de lui, avançaient leurs têtes avec précaution pour voir les nouveaux arrivants.