Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
QUATRIÈME PARTIE.

Jermyn avait les bras croisés sur sa poitrine. Il se tenait droit et tête haute ; ses sourcils se fronçaient, mettant dans l’ombre sa prunelle qui brûlait.

Sa fièvre lui donnait le courage de regarder Ellen en face.

Ils restèrent durant une longue minute immobiles tous deux et tous deux muets.

Ce fut l’heiress qui rompit la première le silence.

— Le pauvre Dan vous aimait bien, Jermyn, dit-elle ; d’où vient que vous ne priez pas pour lui avec nos frères ?

— Ce sont des soldats de la reine qui ont tué mon frère Dan, répondit Jermyn d’une voix sourde ; que d’autres prient pour lui, moi je veux le venger !

— Sur qui ? demanda Ellen.

Jermyn ne répliqua pas tout de suite. Son regard aigu alla se fixer sur la porte, comme s’il en eût voulu percer les battants épais. Puis son œil retomba sur Ellen, fixe et lourd.

— Je cherche !… murmura-t-il.

Un chant lugubre et lent s’éleva dans la chambre voisine. Le prêtre avait entonné une hymne latine, et les Mac-Diarmid accompagnaient sa voix en chœur. Cette hymne était le signe bien