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QUATRIÈME PARTIE.

ne voyaient point ; ses oreilles n’entendaient plus.

Au milieu de tout ce trouble, une voix s’élevait dans son cœur et criait le nom de Jessy. Il se redressait à ce choc ; pour un instant il retrouvait le pouvoir d’interroger sa situation, mais il n’y voyait rien que navrantes menaces et inévitables malheurs. Il retombait.

Parfois la pensée de Jessy ramenait en lui le souvenir de son père : le vieux Mill′s aimait tant sa fille d’adoption ! C’était le lendemain que les juges protestants devaient prononcer la sentence du vieillard.

Morris ne pouvait abandonner son vieux père en cette épreuve suprême. C’était là encore une agonie ; car la Thémis irlandaise tient la corde d’une main, de l’autre le glaive : elle n’a point de balance.

La journée se passa. La nuit venue, Morris, qui était trop accablé pour s’éloigner beaucoup du château de Montrath, se réfugia dans les ruines de Diarmid.

Après le départ de Pat, il voulut réfléchir encore et demander des ressources à son esprit épuisé. L’image de son père et celle de sa fiancée vinrent ensemble le visiter. Il vit l’austère et doux visage du vieillard que semblait éclairer