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QUATRIÈME PARTIE.

C’était vers le milieu de la nuit. Elle entendit tout à coup au-dessus de sa tête ce bruit connu de poulies et de rouages que les échos sonores transformaient en un véritable fracas, et qui lui annonçait sa nourriture quotidienne, ce bruit qu’elle attendait en vain depuis trois jours !

— Pitié ! pitié ! cria-t-elle, au secours ! au secours !

Elle mettait tout ce qui lui restait de force à pousser ce cri de détresse qui monta vers les hautes voûtes et s’enfla, répercuté à l’infini, jusqu’à produire une sorte de mugissement.

Nulle voix ne répondit à son appel. Un objet lourd tomba sur le sol, et les poulies crièrent de nouveau.

Jessy se tut, plus accablée, L’effort qu’elle venait de faire mettait le comble à son épuisement.

Il faisait nuit noire dans sa prison, mais elle savait qu’il y avait du pain à quelques pas d’elle.

Elle voulut se soulever sur sa couche, et ne put point y réussir. Il fallait se hâter pourtant, car chaque minute augmentait sa faiblesse, et le retard c’était la mort.

Avec bien de la peine et bien de la lenteur, elle se laissa glisser hors du lit et parvint à toucher le sol.