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QUATRIÈME PARTIE.

que par la fenêtre ouverte ; du moins on n’y avait pas souffert de la faim depuis la veille, car on voyait, épars sur le sol, de nombreux débris de pain et des pelures de pommes de terre.

Quand les bonnes gens du Connaught font fi des pelures, c’est que l’abondance règne dans leur maison.

La tête de Gib restait encore dans l’ombre, tandis que les visages des deux enfants étendus à ses pieds commençaient à s’éclairer vivement. Leur sommeil souriait ; l’innocence gaie de leur âge était sur leurs petites figures amaigries, mais contentes.

Le jour qui venait chatouiller leurs yeux, à travers leurs paupières closes, allait les éveiller bientôt ; ils luttaient déjà contre un reste de sommeil, et leurs bras s’agitaient à l’aveugle, obéissant encore aux fantaisies de leurs rêves.

Paddy s’éveilla le premier ; il s’assit sur la paille et se frotta les yeux.

— J’ai mangé hier ! murmura-t-il avec bien-être. J’ai mangé tant que j’ai pu… Aujourd’hui, je mangerai encore ; nous n’aurons plus faim jamais ! jamais ! notre père Gib l’a dit.

Il se tourna vers sa sœur qui dormait encore. La petite fille se faisait un oreiller de l’un de ses bras et tenait l’autre arrondi au-dessus de son