Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
QUATRIÈME PARTIE.

— Voilà pour vous, Su, mon trésor, dit-il ; pour vous, Paddy, et voilà pour moi.

Le paquet de la petite fille contenait une robe de laine, une chemise blanche comme neige et une mante rouge. Le paquet de Paddy renfermait un pantalon, une veste et un petit carrick.

Les cris de joie des deux enfants se croisèrent.

— Allons ! allons ! dit Roe ; la route est longue, nous nous réjouirons en chemin.

Tout en parlant, il se hâtait de passer lui-même l’habillement neuf que nous lui avons vu à l’hôtel du Roi Malcolm.

Il affectait une grande gaieté, mais une obsédante pensée assiégeait son esprit, et, quoi qu’il en eût, son front ridé se chargeait bien souvent de nuages.

Les enfants ne voyaient que son sourire, parce qu’ils étaient heureux. Ils se regardaient tous les deux avec admiration. Paddy faisait de vains efforts pour se voir par derrière ; Su disposait avec une coquetterie instinctive les plis grossiers de sa mante. Elle était femme déjà, car elle eût donné le pain de sa journée pour un miroir.

Ils sortirent tous les deux, sur l’ordre de Gib, après avoir jeté, en guise d’adieu, à leurs haillons de la veille, un coup de pied dédaigneux.