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LA VAMPIRE

couloir qui communiquait de la porte du bord de l’eau à la chambre sans fenêtres, le visita dans toute sa longueur et le prit pour un de ces passages, construits à des époques troublées, qui étonnent les curieux et restent comme des énigmes proposées à la perspicacité des chercheurs.

Ce couloir avait une bifurcation : le boyau qui menait à l’ancienne cachette du président d’Aubremesnil, et une voie plus large, descendant tout droit aux cuisines du pavillon de Bretonvilliers. Jean-Pierre ne reconnut que ce dernier passage.

Il appela Charlevoy et se fit ouvrir une porte, solidement armée de fer, qui eut enchanté un antiquaire. Les cuisines étaient vides comme les jardins ; on y pouvait néanmoins deviner la récente présence d’un ou de plusieurs habitants, car le sol était jonché d’épluchures de légumes, et des os de bœuf cru, à moitié rongés, s’éparpillaient çà et là.

Sur la table, il y avait une toque de femme en étoffe grossière et ornée d’oripeaux dédorés. La forme de cette toque indiquaient à première vue son origine hongroise.

— C’était ici l’antre de maman Paraxin, dit Ézéchiel, et voici les restes du dernier souper de Pluto. J’ai idée que l’horrible bête mangeait plus souvent des os de chrétien que des os de bœuf.

— Les gens qu’on emportait d’ici, demanda Gâteloup, passaient-ils par le couloir que nous venons de suivre ?

— Jamais, répondit Ézéchiel.

— Alors, s’écria Charlevoy, ils devaient passer par ta boutique, capitaine.

Ézéchiel rougit jusqu’aux oreilles et le regarda de travers.

Des cuisines au rez-de-chaussée c’était un large escalier de pierre de taille, mal tenu et dans un état de complète dégradation. Les portes du rez-de-chaussée ayant été ouvertes à l’aide de la trousse de Charlevoy, on entra dans une enfilade de chambre nues, suant l’humidité et la vétusté, et qui, évidemment, n’avaient point été habitées depuis de longues années

Aux murailles restaient quelques portraits déteints et quelques haillons de tapisserie.

L’officier de paix. M. Barbaroux, était un utilitaire. Il fit remarquer avec raison qu’il y avait là beaucoup de terrain perdu et qu’on eût pu loger dans ces salles inoccupées une grande quantité de gens qui couchaient dans la rue.

— Montons plus haut, dit Jean-Pierre, il n’y a rien ici pour nous.

Le premier étage, beaucoup mieux conservé, présentait, au contraire, des traces d’occupation récente. C’était là que