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LE BOSSU.

La nuit était presque complète, une nuit sans lune et sans étoiles.

Un lumignon fumeux, placé à la tête du pont de planches, sous la niche d’une sainte Vierge, brillait faiblement, mais n’éclairait point au delà d’un cercle de dix ou douze pas. Sa lumière d’ailleurs ne pouvait descendre dans les douves, à cause du pont qui la masquait.

Lagardère était seul. Le galop des chevaux s’était étouffé au lointain. La vallée de Louron se plongeait déjà dans une obscurité profonde où luisaient çà et là quelques lueurs rougeâtres marquant la cabane d’un laboureur ou la loge d’un berger.

Le son plaintif des clochettes attachées au cou des chèvres montait, quand le vent donnait, avec les murmures sourds du gave d’Arau, qui verse ses eaux dans la Clarabide, au pied du Hachaz.

— Huit contre un, les misérables ! se disait le jeune Parisien en prenant le chemin charretier pour descendre au fond de la douve : un assassinat ! Quels bandits !… C’est à dégoûter de l’épée !

Il donna contre les tas de foin, ravagés par Carrigue et sa troupe.

— Par le ciel ! reprit-il en secouant son manteau, voici une crainte qui me pousse. Le page