Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
LE BOSSU.

Fuir ou s’abstenir, c’était manquer hautement au point d’honneur, rigoureusement respecté par leurs pareils.

Ils avaient été une heure entière sans s’adresser la parole. Durant toute cette soirée, Cocardasse ne jura pas une seule fois « capédébiou ! »

Ils poussaient tous deux de gros soupirs, à l’unisson. De temps en temps, ils se regardaient d’un air piteux. Ce fut tout.

Quand on se mit en branle pour l’assaut, ils se serrèrent la main tristement.

Passepoil dit :

— Que veux-tu ! nous ferons de notre mieux.

Et Cocardasse soupira.

— Ça ne se peut pas, frère Passepoil, ça ne se peut pas. Fais comme moi.

Il prit dans la poche de ses chausses le bouton d’acier qui lui servait en salle, et l’adapta au bout de son épée. Passepoil l’imita.

Tous deux respirèrent alors : ils avaient le cœur plus libre.

Les estafiers et leurs nouveaux alliés s’étaient divisés en trois troupes. La première avait tourné les douves pour arriver du côté de l’ouest ; la seconde gardait sa position au-delà du pont ; la troisième, composée principalement de bandouliers et de contrebandiers conduits