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LE BOSSU.

Troisième salut, puis ils se redressèrent tous deux, la main à la poignée de la brette.

— Peyrolles ! appela Gonzague.

L’intendant venait de faire sortir le dernier adjudicataire.

— Reconnais-tu ces beaux garçons ? lui demanda Gonzague ; mène-les à l’office… qu’ils mangent, qu’ils boivent… Donne-leur à chacun un habit neuf… et qu’ils attendent mes ordres !

— Ah ! monseigneur !… s’écria Cocardasse.

— Généreux prince !… fit Passepoil.

— Allez ! ordonna Gonzague.

Ils s’éloignèrent à reculons, saluant à toute outrance et balayant la terre avec la vieille plume de leurs feutres.

Quand ils arrivèrent en face des rieurs, Cocardasse le premier planta son feutre sur l’oreille et releva du bout de sa rapière le bord frangé de son manteau. Frère Passepoil l’imita de son mieux.

Tous deux, hautains, superbes, le nez au vent, le poing sur la hanche, foudroyant les railleurs de leurs regards terribles, ils traversèrent la salle sur les pas de Peyrolles, et gagnèrent l’office, où leur coup de fourchette étonna tous les serviteurs du prince.