Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
LE BOSSU.

en effet sur le seuil, habillée de deuil comme à l’ordinaire, mais si fière et si belle qu’un long murmure d’admiration courut de rang en rang à sa vue.

Personne ne s’attendait à la voir, — personne surtout ne s’attendait à la voir ainsi.

— Que disiez-vous donc, mon cousin ? dit Mortemart à l’oreille du cardinal de Lorraine.

— Sur ma foi ! répondit le prélat ; — que je sois lapidé !… J’ai blasphémé !… Il y a là-dessous du miracle.

Du seuil, la princesse dit d’une voix calme et distincte :

— Messieurs, point n’est besoin de procureur ; me voici.

Gonzague quitta précipitamment son siège et s’élança au-devant de sa femme. Il lui offrit la main avec une galanterie pleine de respect. Madame la princesse ne refusa point, mais on la vit tressaillir au contact de la main du prince, et ses joues pâles changèrent de couleur.

Au bas de l’estrade se trouvait Navailles, Gironne, Montaubert, Nocé, Oriol, etc. ; ils furent les premiers à se ranger pour faire un large passage aux deux époux.

— Bon petit ménage ! dit Nocé, pendant qu’ils montaient les degrés de l’estrade.