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LE BOSSU.

mission de juger que madame la princesse était la mère de dona Cruz.

Et pourtant madame la princesse, changeant encore une fois de visage, avait repris son air de trouble et d’anxiété. Elle regardait cette belle jeune fille, et c’était une sorte d’effroi qui se peignait sur ses traits.

Ce n’était pas ainsi, oh ! non, qu’elle avait rêvé sa fille…

Sa fille ne pouvait pas être plus belle, — mais sa fille devait être autrement.

Et cette froideur soudaine qu’elle sentait en dedans d’elle-même à cet instant où tout son cœur aurait dû s’élancer vers l’enfant retrouvé, cette froideur l’épouvantait.

Était-elle donc une mauvaise mère ?

À cette frayeur, une autre s’ajoutait. — Quel avait dû être le passé de cette charmante enfant dont les yeux brillaient hardiment, dont la taille souple avait d’étranges ondulations, dont toute la personne, enfin, était marquée de ce cachet gracieux, — trop gracieux — que l’austère éducation de famille ne demande point d’ordinaire aux héritières des ducs.

Chaverny, qui était déjà parfaitement remis de son émotion et qui regrettait fort d’avoir cru à Gonzague pendant une minute, Chaverny ex-