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LE BOSSU.

bien ; mais c’est par la bouche des mères que parle la voix de Dieu.

» M’attendez-vous ? me cherchez-vous ? me regrettez-vous ? Suis-je dans vos prières du matin et du soir ? Me voyez-vous, vous aussi, dans vos songes ?

» Il me semble, quand je pense à vous, que vous devez penser à moi. Parfois, mon cœur vous parle ; m’entendez-vous ? — Si Dieu m’accorde jamais ce grand bonheur de vous voir, ma mère, ma mère chérie, je vous demanderai s’il n’était pas des instants où votre cœur tressaillait sans motif.

» Et je vous dirai : c’est que vous entendiez le cri de mon cœur, ma mère !…

. . . . . . . . . . . . . . .

» … Je suis née en France. On ne m’a pas dit où. Je ne sais pas mon âge au juste, mais je dois avoir aux environs de vingt ans.

» Est-ce rêve ? est-ce réalité ? Ce souvenir, si c’en est un, est si lointain et si vague ! Je crois me rappeler parfois une femme au visage angélique, qui penchait son sourire au-dessus de mon berceau.

» Était-ce vous, ma mère ?

» … Puis, dans les ténèbres, un grand bruit de bataille. — Peut-être la nuit de fièvre d’un enfant…