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LE BOSSU.

vîmes accourir un cavalier qui fendait l’espace comme un tourbillon. Il était sur un cheval de labour, sans selle ni bride ; ses cheveux allaient au vent avec les lambeaux de sa chemise déchirée.

» La route tournait autour d’un bois taillis, coupé par une rivière ; il avait traversé la rivière à la nage et coupé le taillis.

» Il arrivait ! il arrivait ! — Je ne reconnaissais pas mon père si doux et si calme ; je ne reconnaissais pas mon ami Henri toujours souriant près de moi. — Celui-là était terrible et beau comme un ciel d’orage.

» Il arrivait. — D’un dernier bond, le cheval franchit le talus de la route et tomba épuisé.

» Mon ami tenait à la main le soc de sa charrue.

» — Chargez-le ! cria le grand seigneur.

» Mais mon ami l’avait prévenu. — Le soc de charrue, brandi à deux mains, avait frappé deux coups. — Deux valets armés d’épées étaient tombés par terre et gisaient dans leur sang.

» Et à chaque fois que mon ami frappait, il criait :

— « J’y suis ! j’y suis ! Lagardère ! Lagardère !… »