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LE BOSSU.

devant les yeux un grand et magnifique spectacle.

» Depuis quelques minutes, nous marchions entre deux hautes rampes qui nous cachaient l’horizon et le ciel. On aurait dit deux gigantesques remparts. — L’averse avait cessé. Le vent du nord-ouest, chassant devant soi les nuées, balayait le firmament, toujours plus étincelant après l’orage. La lune épandait à flots sa blanche lumière.

» Au sortir du défilé, nous nous trouvâmes en face d’une sorte de vallée circulaire, entourée de pics dentelés, où croissaient encore çà et là quelques bouquets de pins de montagne : c’était la Taza del Diablillo (la tasse du diablotin), point central du mont Baladron, dont les plus hauts sommets sont jetés de côté et penchent vers l’Escurial.

» La Taza del Diablillo nous apparaissait en ce moment comme un gouffre sans fond. Les rayons de la lune, qui éclairaient vivement le tour de la tasse et ses dentelures, laissaient le vallon dans l’ombre et lui donnaient une effrayante profondeur.

» Juste vis-à-vis de nous s’ouvrait une gorge pareille à celle que nous quittions, de telle sorte que l’une continuait l’autre, et que la