Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LE BOSSU.

quitter, j’allais rester seule et longtemps, bien longtemps sans le voir.

» Deux ans, bonne mère ; deux ans, comprenez-vous cela ? — moi qui chaque matin m’éveillais sous son baiser de père ! moi qui n’avais jamais été un jour entier sans le voir !

» Quand j’y songe, à ces deux années, elles me semblent plus longues que tout le reste de mon existence.

» Je savais qu’Henri amassait un petit trésor pour entreprendre un voyage ; il devait visiter l’Allemagne et l’Italie. La France seule lui était fermée et j’ignorais pourquoi.

» Les motifs de ce voyage étaient aussi un secret pour moi.

» Un jour qu’il était parti dès le matin, selon sa coutume, j’entrai chez lui pour mettre sa chambre en ordre. Son secrétaire était ouvert, — un secrétaire dont il emportait toujours la clef.

» Sur la tablette du secrétaire, il y avait un paquet de papiers enfermé dans une enveloppe jaunie par le temps. À cette enveloppe pendaient deux cachets pareils, portant des armoiries avec un mot latin pour devise : Adsum.

» Mon confesseur, à qui je demandai la signification de ce mot me répondit : J’y suis !