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LE BOSSU.

mère ! Il voulait m’épouser et me disait que j’arracherais une âme à l’enfer. J’eus grand’peine à me retenir de répondre, car c’eût été là une bonne œuvre… mais la pensée d’Henri m’arrêta et je ne donnai même pas signe de vie.

» Le pauvre petit marquis attendit longtemps, les yeux fixés sur ma jalousie, puis je le vis essuyer sa paupière où sans doute il y avait des larmes.

» Mon cœur se serra, mais je tins bon.

» Le soir de ce jour, j’étais au balcon de la tourelle en colimaçon qui flanquait notre maison, à l’angle de la Calle-Réal.

» Le balcon avait vue sur la grande rue et sur la ruelle obscure.

» Henri tardait ; je l’attendais.

» J’entendis tout à coup que l’on parlait à voix basse dans la ruelle. Je me tournai. J’aperçus deux ombres le long du mur : Henri et le petit marquis.

» Les voix bientôt s’élevèrent.

» — Savez-vous à qui vous parlez, l’ami ? dit fièrement Chaverny ; — je suis le cousin de M. le prince de Gonzague.

» À ce nom, l’épée d’Henri sembla sauter d’elle-même hors du fourreau.

» Chaverny dégaina de même et se mit en