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LE BOSSU.

» Nous voyions se dresser devant nous, repoussé par le ciel blafard de l’est et debout sur son piédestal géant, ce noir colosse de granit : le château de Caylus-Tarride.

» On chercherait longtemps avant de trouver un édifice qui parle plus éloquemment des lugubres grandeurs du passé.

» Il était là comme une sentinelle, ce manoir assassin et pillard ; il guettait le voyageur passant dans la vallée. Les fauconneaux muets et les meurtrières silencieuses avaient alors une voix ; les chênes ne croissaient pas dans les murs crevassés ; les remparts n’avaient point ce glacial manteau de lierre mouillé ; les tourelles montraient leurs menaçants créneaux, cachés aujourd’hui par cette couronne rougeâtre ou dorée que leur font les giroflées et les énormes touffes de gueules-de-loup.

» Rien qu’à le voir, l’esprit s’ouvre à mille pensées mélancoliques ou terribles. C’est grand, c’est effrayant. Là dedans, personne n’a jamais dû être heureux.

» Aussi le pays est plein de légendes noires comme de l’encre.

» À lui tout seul, le dernier seigneur, qu’on appelait Caylus-Verrous, a tué ses deux femmes, sa fille, son gendre, etc.