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LE BOSSU.

Sans lui, que serais-je ? Un peu de poussière au fond d’une pauvre petite tombe…

» Et quelle mère, fût-elle duchesse, cousine du roi, quelle mère ne serait donc orgueilleuse d’avoir pour gendre le chevalier Henri de Lagardère, le plus beau, le plus brave, le plus généreux, le plus loyal des hommes ?

» Certes, je ne suis qu’une pauvre enfant, je ne puis pas juger les grands de la terre ; je ne les connais pas, mais s’il y avait parmi ces grands seigneurs et ces grandes dames un cœur assez perdu, une âme assez pervertie pour me dire à moi, Aurore : — Oublie Henri, ton ami…

» Tenez, ma mère, cela me rend folle. Une idée extravagante vient de me donner la sueur froide ; je me suis dit : Si ma mère…

» Mais Dieu me garde d’exprimer cela par des paroles ! Je croirais blasphémer.

» Oh ! non ; vous êtes telle que je vous ai rêvée et adorée, ma mère. J’aurai de vous des baisers et puis des sourires. Quel que soit le grand nom que le ciel vous ait donné, vous avez quelque chose de meilleur que votre nom : c’est votre cœur. La pensée que j’ai eue vous outrage, et je me mets à vos genoux pour obtenir mon pardon.

» Tenez, le jour me manque : je quitte la plume et je ferme les yeux pour voir votre doux