Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/535

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
LE BOSSU.

main. Elle ne songeait guère au bal ni à la danse.

Elle se disait à elle-même :

— L’appeler ? à quoi bon l’appeler ? Il n’y est pas, j’en suis sûre… chaque jour ses absences se prolongent davantage.

— J’ai peur ! s’interrompit-elle en frissonnant ; oui, j’ai peur, quand je réfléchis à tout cela ! ce mystère m’épouvante… Il me défend de sortir, de voir, de recevoir personne… il cache son nom ; il dissimule ses démarches… Tout cela, je le comprends bien, c’est le danger d’autrefois qui est revenu… c’est l’éternelle menace autour de nous… la guerre sourde des assassins

» Qui sont-ils, les assassins ? fit-elle après un silence ; ils sont puissants ; ils l’ont prouvé… ce sont ses ennemis implacables… ou plutôt les miens… c’est parce qu’il me défend qu’ils en veulent à sa vie !

» Et il ne me dit rien ! s’écria-t-elle ; jamais rien !… comme si mon cœur ne devait pas tout deviner !… comme s’il était possible de fermer les yeux qui aiment !… Il entre, il reçoit mon baiser, il s’assied, il fait tout ce qu’il peut pour sourire… il ne voit pas que son âme est devant moi toute nue !… que d’un regard je sais lire