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LE BOSSU.

Elle avait évoqué le diable, et le diable, docile, répondait à son appel. Et certes, il ne s’était point fait attendre ; elle était sceptique un peu, cette belle fille. Tous les sceptiques sont superstitieux. Dona Cruz, souvenons-nous-en, avait passé son enfance sous la tente de bohémiens errants ; c’est là le pays des merveilles.

Elle restait bouche béante et les yeux grands ouverts.

Par la porte de la salle basse, cinq ou six jeunes filles entrèrent, suivies d’autant d’hommes qui portaient des paquets et des cartons.

Dona Cruz se demandait si, dans ces cartons et dans ces paquets, il y avait de vrais atours ou des feuilles sèches.

Aurore ne put s’empêcher de sourire en voyant la mine bouleversée de sa compagne.

— Eh bien ? fit-elle.

— Il est sorcier ! balbutia la gitanita, je m’en doutais…

— Entrez, messieurs, entrez, mesdemoiselles, criait cependant Berrichon, entrez tout le monde ! c’est ici maintenant la maison du bon Dieu !… Je vas aller chercher maman Balahault, qui a si grande envie de voir comment c’est fait chez nous… Je n’ai jamais rien bu de si bon que