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LE BOSSU.

qu’un troupeau de moutons, cette foule inébranlable, cette foule tenace, cette foule infatigable que nous avons tous vue cent fois en notre vie encombrer les trottoirs mouillés quinze heures durant pour voir passer ceci ou cela, — pas grand’chose souvent, — parfois rien du tout.

Si les bœufs gras des cinquante derniers siècles savaient écrire !…

Mais tous ces favoris que la foule attend ont une fin violente. Voilà sans doute ce que les poëtes veulent dire.

La rue du Chantre, noire et déserte malgré le voisinage de cette cohue et de ces lumières, semblait dormir. Ses deux ou trois réverbères tristes se miraient dans son ruisseau fangeux. Au premier abord, on n’y découvrait âme qui vive.

Mais à quelques pas de la maison de maître Louis, de l’autre côté de la rue, dans un enfoncement profond, formé par la récente démolition de deux maisons, six hommes, vêtus de couleurs sombres, se tenaient immobiles et muets.

Deux chaises à porteurs étaient à terre derrière eux. Ce n’était point M. Law que ceux-ci attendaient.

Ils avaient les yeux fixés sur la porte close de la maison de maître Louis depuis que Cocar-