Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/625

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
LE BOSSU.

dans les yeux éblouis, il faut la jeter de haut. Ce bon monsieur Law avait senti le besoin d’un piédestal d’où il pût mieux jeter sa poudre. On devait cuire une nouvelle fournée d’actions le lendemain.

Comme l’argent ne lui coûtait rien, il fit sa fête splendide.

Nous ne parlerons point des salons du Palais, décorés pour cette circonstance avec un luxe inouï. La fête était surtout dans le jardin, malgré la saison avancée. Le jardin était entièrement tendu et couvert. La décoration générale représentait un campement de colons dans la Louisiane, sur les bords du Mississipi, ce fleuve d’or. Toutes les serres de Paris avaient été mises à contribution pour composer des massifs d’arbustes exotiques : on ne voyait partout que fleurs tropicales et fruits du paradis terrestre. Les lanternes qui pendaient à profusion aux arbres et aux colonnes étaient des lanternes indiennes ; on se le disait ; seulement les tentes des Indiens sauvages, jetées çà et là, semblaient trop jolies.

Mais les amis de M. Law allaient répétant :

— Vous ne vous figurez pas comme les naturels de ce pays sont avancés !

Une fois admis le style un peu fantastique des