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PREMIÈRE PARTIE.

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LE DIMANCHE GRAS.


CHAPITRE Ier.

AU COIN D’UNE RUE.

C’était fête à Paris. Cette foule hétéroclite qui surgit au soleil cinq ou six fois l’an, sortant on ne sait d’où, sentant le renfermé, avide de mascarades, amoureuse de mâts de cocagne, folle des feux d’artifice, et traînant sans vergogne, sur l’asphalte des boulevards, des troupeaux d’enfants laids et de chiens demi-tondus, se répandait à flots bourdonnants depuis l’arc-de-triomphe de l’Étoile jusqu’à la barrière du Trône.

C’était un de ces jours où les six étages des maisons du Marais se vident à la fois sur la voie publique, où le quartier Saint-Marcel verse sur la ville étonnée les sauvages tribus qui pullulent entre la Salpêtrière et le Panthéon, où les étudiants désertent les abords mal hantés de la Chaumière, où le Gros-Caillou traverse le pont Louis XV et envoie ses fruitières en vacances fraterniser avec les concierges endimanchés du faubourg Saint-Martin.

En ces jours de grande exhibition populaire, la ville fashionable est conquise. Les jeunes gens, si beaux et si bien couverts, qui ornent à de-