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CHAPITRE II.

LES AMOURS DE JOSÉ MIRA.

M. de Reinhold jouait complaisamment avec la prétendue impatience du baron. Il mettait à déchirer l’enveloppe de la lettre de Verdier une lenteur calculée, et souriait malicieusement ; il jetait en dessous à M. de Rodach des œillades triomphantes et taquines.

Ce dernier remplissait si parfaitement son rôle de curieux, que le docteur craignit de le voir perdre à la fin patience, et se crut obligé de lui venir en aide.

— Allons ! chevalier, dit-il, votre enfantillage n’est pas de saison… Il s’agit d’une chose sérieuse, et monsieur le baron vous attend.

— Oh ! certes, il m’attend ! s’écria Reinhold en riant ; — cela se voit de reste… Mais sans ce maudit rendez-vous qui me talonne, je n’aurais point pitié de monsieur le baron, et je le ferais attendre encore pour lui apprendre à douter de notre savoir-faire… Mais voyons ! je suis décidément trop en retard…

Il jeta l’enveloppe et ouvrit la lettre.

À peine son œil fut-il tombé sur les premières lignes, que son vaniteux sourire s’évanouit comme par enchantement. Il pâlit sous son fard ; ses sourcils se froncèrent, et les rides de son front soulevèrent l’arête artistement découpée de sa chevelure postiche.