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CHAPITRE III.

LES QUATRE FILS AYMON.

Le commerce de vins des Quatre Fils Aymon, tenue par madame veuve Taburot, occupait tous les derrières de la maison qui fait face au point central de la Rotonde.

Les profanes entraient et sortaient par l’allée noire, ouverte sur la place même ; mais les habitués de choix qui avaient les bonnes grâces de la veuve Taburot connaissaient une autre issue, et savaient qu’ils pourraient, au besoin, gagner la rue Charlot par la maison voisine.

Alors, comme aujourd’hui, entre les chalands des Quatre Fils, il y en avait bien peu qui pussent être indifférents à une commodité de ce genre. Il y a bien longtemps, en effet, que cet établissement est spécial ; on n’y connaît guère que les industries excentriques et périlleuses. Parmi ceux qui le fréquentent, quelques-uns sont vagabonds purement et simplement ; d’autres sont escrocs ; d’autres, sous prétexte de vendre des contremarques, exploitent les abords des théâtres ; d’autres encore sont ces malheureux marins échappés du naufrage, qui vous offrent des rasoirs d’Angleterre assez bien affilés pour trancher un cheveu à la volée. Les plus purs proposent, à leurs bons moments, des cannes à pommes d’étain ou des chaînes de sûreté aux promeneurs des boulevards. Ceux qui ont des goûts champêtres font le buis bénit du dimanche des Rameaux : le