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CHAPITRE IV.

L’AMOUR.

Ce pauvre chevalier se sentait tout déconfit dans son nouveau costume. Il était mal à l’aise, comme un paon privé de sa queue. Les rôles avaient changé ; il semblait maintenant le domestique de son factotum : il le suivait pas à pas, l’oreille basse et d’un air soumis.

Johann entra le premier dans le billard et le traversa en homme qui connaît les êtres. Reinhold faillit se rompre le cou, en descendant les trois marches étroites et roides.

— Oh ! oh ! dit le marchand de vin, en se dirigeant vers la seconde salle, — il n’y a pas de poule ce soir. Quel diable de sabbat est-ce donc ?

Depuis la porte de l’allée, ils entendaient les sons stridents du violon et de la bombarde.

Malgré l’écriteau pendu aux murailles du billard et portant défense de fumer en présence des dames, tous les danseurs avaient la pipe à la bouche. La galerie, bien entendu, ne se gênait pas plus que les danseurs. Johann et le chevalier, en arrivant au seuil de la salle, ne virent qu’une masse de fumée grisâtre, au milieu de laquelle s’agitait un mouvement confus.

Et de cette brume épaisse, sortaient des cris étranges, un bruit de gros