Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/110

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désigné. Il vit parfaitement le gazon froissé, et sous le gazon le sol même entamé par le choc d’un objet carré, aux arêtes vives et coupantes. Il se releva aussitôt, et les frères, sans mot dire, se dirigèrent vers la muraille du parc.

La première partie était jouée et perdue ; restait à engager la seconde.

En arrivant auprès du mur de clôture, William s’arrêta tout à coup en disant :

— Un autre que nous est venu cette nuit.

Bobby examinait déjà avec sa sagacité de sauvage une portion de la muraille dont la tapisserie de lierre était déchirée. Les cassures des pousses n’avaient pas eu le temps de jaunir, et les feuilles pendaient encore toutes fraîches.

— Un lambeau de drap ! s’écria-t-il.

— Drap fin, dit William ; cela n’a jamais appartenu au vêtement d’un rôdeur de nuit. Voyons aux traces !

Il y avait, en effet, des pas marqués sur la terre, humide de rosée.

— Un escarpin, dit encore William, presque un pied de femme !

Bobby se prit à grimper comme un chat au haut de la muraille où un objet blanc se montrait.

— G. L. et une couronne de marquis ! s’écria-t-il en jetant un mouchoir de batiste à William.

— Gaston de Lorgères ! murmura William. Pourquoi celui-là n’est-il pas sorti du château par la grande porte ?

Il escalada le mur à son tour, et tous deux, pensifs, reprirent la route de Paris.

— Rien sous les blouses ? demanda l’employé de l’octroi.

William s’arrêta ; une idée venait de traverser son cerveau. Prenant l’air à la fois innocent et futé d’un malin de village, il dit au lieu de répondre.