Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/143

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dans les villes, n’eût point été mieux élevée que ses compagnes. Il y avait quatre ans seulement qu’elle habitait le toit de son père, Jean Brand, qui était veuf, l’avait amenée un jour de bien loin, disait-il, sans s’expliquer davantage. Or, on savait au bourg de Samt-Yon que Jean Brand n’aimait point les questions indiscrètes.

Pendant les premiers mois qui suivirent l’arrivée de Marie, Sainte et elle s’étaient liées d’une étroite amitié. Elles avaient mis en commun leurs joies et leurs chagrins d’enfant ; elles s’étaient confié leurs petits secrets, révélé leurs plans d’avenir, dévoilé ces fantastiques et mystérieux espoirs qui naissent au cœur des jeunes filles. Le citoyen Saulnier avait paru voir d’abord sans répugnance cette intimité. Mais lors du premier soulèvement du Morbihan, qui eut lieu en 1791, Jean Brand fut soupçonné d’avoir fait partie des insurgés. Depuis ce jour, Sainte reçut l’ordre de ne plus voir Marie. Elle pleura : mais elle obéit.