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VII

la dette de jean brand


Sainte revint tristement à la cabane, et passa encore une semaine en proie à toutes les tortures de l’attente.

Un jour, Jean Brand arriva tout essoufflé.

— Une chopine de cidre, Mam’zelle, si c’est un effet de votre bonté, dit-il en tombant épuisé sur un banc.

Sainte se hâta de lui servir à boire, et le bedeau avala la chopine d’un seul trait.

— Ah ! fit-il avec un long soupir de soulagement ; un morceau de lard et du pain, maintenant, Mam’zelle, si ce n’est pas trop demander.

Sainte mit du pain et du lard sur la table. Jean Brand avec une rapidité merveilleuse, fit disparaître le tout en un instant.

— Ah ! dit-il encore en avalant la dernière bouchée.

Puis il ajouta dolemment :

— Il y a trois grands jours que je n’avais mangé, Mam’zelle.

— Est-il possible ! s’écria Sainte.

— Voyez, reprit Jean, qui se leva et montra son costume d’un geste mélancolique.

Son habit d’officier royaliste était réduit à l’état de haillons ; son écharpe blanche, déchirée et noircie par la poudre, pendait en lambeaux autour de son corps.

— Qu’est-il donc arrivé ? demanda Sainte.

— De tristes nouvelles pour les amis du roi, Mam’zelle. Voilà trois jours que nous nous battons,