Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/80

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fait dans le salon. Mgr d’Hermopolis se dirigeait vers l’estrade ; une émotion, qui, je dois le dire, n’avait pas un rapport très direct avec le sermon qu’il allait faire, s’emparait de l’assistance.

On sait que l’apparition des frères Ténèbre était annoncée pour le moment de la quête. Il y avait, dans le salon de l’archevêque, des curiosités malades, des frayeurs, des désirs, des fièvres, et rien de tout cela, bien assurément, ne regardait les malheureux chrétiens de terre sainte.

La princesse n’eut que le temps de dire, au moment où Mgr d’Hermopolis prenait position sur l’estrade :

— Enfin, me diras-tu au moins qui sont ces gens, les d’Arnheim ?

— Vous le saurez demain, ma mère, répondit Gaston en s’éloignant, et c’est pour cela précisément que j’ai besoin de vous voir.

Les premières paroles de Mgr Frayssinous commandaient, en ce moment, le silence.

Il existe encore beaucoup de gens qui ont personnellement connu l’illustre auteur de la Défense de la religion. Tous s’accordent à dire que l’éloquence publique de l’évêque d’Hermopolis se distinguait surtout par la mesure, la modération et l’abondance des preuves, déduites avec le calme souverain de la certitude ; mais ils ajoutent que son éloquence privée était d’un tout autre caractère.

Il avait dans le sang des ardeurs méridionales et dans le cœur un vif entraînement vers la charité.

Quand il combattait pour arracher l’aumône à l’égoïsme des gens du monde, ce n’était plus un soldat régulier de la grande armée apostolique, c’était un tirailleur armé à la légère, un zouave, s’il nous était permis de commettre volontairement cet anachronisme ; il ne reculait devant rien ; tout bois lui était bon pour faire flèche, et l’on a retenu le mot que prononça M. de Talleyrand, après le sermon prêché chez