Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/113

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Il passa par-dessus ses habits une veste à capuchon en peau de loup, qui pendait auprès de la porte, et sortit sans prononcer un mot de plus.

— Il est bon, murmura l’oncle Jean comme en se parlant à lui-même ; et son cœur entend encore l’appel des malheureux…

— C’est qu’il n’y a guère, au pays, de fille aussi belle que la grande Jeanne des Houssayes ! grommela le sceptique Macrocéphale…

La grêle fouettait les carreaux. Le vent et le tonnerre grondaient.

René de Penhoël venait de franchir seul la porte du manoir. Le petit garçon du moulin courait déjà sous la pluie au bas de la montagne.

René descendait à pas lents la rampe escarpée. Il avait rejeté en arrière le capuchon de sa peau de loup et ressentait une sorte de bien-être à livrer sa tête nue aux torrents de pluie que rendait l’orage. Sous ce déluge son front restait brûlant.

Il allait la tête baissée, relevant de temps en temps d’un geste machinal ses cheveux ruisselants qui l’aveuglaient. Et il murmurait sans savoir :

— Louis !… Louis !… mon frère !…

La nuit était sombre ; seulement, à de longs intervalles, un éclair déchirait le ciel noir.