Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/119

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toujours à torrents, détrempait la terre et rendait la pente glissante.

Penhoël n’était pas encore à moitié chemin lorsque, pendant une seconde de calme où l’orage semblait reprendre haleine, il crut ouïr derrière lui le galop pesant d’un cheval du pays. Presque au même instant, la trompe sonnait à vingt pas de lui éclatante et criarde.

Il vit un cavalier glisser dans l’ombre au-dessous de lui.

— Messager ! cria-t-il.

— C’est vous, notre monsieur ? répondit le cavalier qui s’arrêta ; que Dieu vous bénisse !… Vous allez voir passer tout à l’heure les roues de votre moulin des Houssayes.

— Combien as-tu d’avance sur le déris ?

— Il va plus vite que mon cheval !… et si je ne suis pas arrivé avant lui au bourg de Glénac, on ouvrira plus d’une fosse neuve dans le cimetière…

Le cheval reprit sa course, tandis que le cavalier jetait à pleins poumons sa clameur sinistre :

— L’eau !… l’eau !… l’eau !…

Penhoël atteignit la loge du passeur, qui était fermée en dedans.

— Benoît !… dit-il, Benoît Haligan !… debout !

À l’intérieur, une voix creuse répondit :