Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/13

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dont les rideaux de serge cachaient sa compagne de voyage.

Puis il prit un air de mystérieuse importance pour répliquer :

— À tout !

Blaise mit ses deux coudes sur ses genoux et ne répondit que par un geste de fatigue ennuyée.

Il y eut un silence, pendant lequel Robert, attentif et les sourcils rapprochés par la réflexion, semblait poursuivre une pensée chère.

Au bout de deux ou trois minutes, une bonne odeur de cuisine, montant des profondeurs du rez-de-chaussée, filtra par les fentes de la porte et vint embaumer l’atmosphère de la chambre.

L’Endormeur se redressa et aspira une forte bouffée de cet air tout plein de promesses. Ses narines se gonflèrent ; sa face s’épanouit en un gros sourire gourmand.

— Au diable ! s’écria-t-il presque gaiement ; nous aurons le temps de nous battre quand les sept francs seront mangés !… Aide-moi à rapprocher la table, Robert… Nous allons trinquer encore une fois, les pieds au feu, comme de bons camarades !

L’Américain ne fit pas plus d’attention à ce retour subit de joyeuse humeur qu’à la récente colère de Blaise. Il prêta son aide sans mot dire, et la table fut poussée jusqu’auprès du foyer.