Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/150

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Blaise criait :

— Au bac !… holà le passeur !… au bac !

Ils avaient mis pied à terre tous les deux.

Depuis quelques minutes, ils entendaient derrière les collines le son rauque d’une trompe et des clameurs lointaines dont ils ne saisissaient point le sens.

Blaise était vaguement effrayé.

— Écoute !… murmura-t-il ; la trompe se rapproche…

— C’est un homme à cheval, répliqua Robert.

— Que diable signifie tout cela ?…

En ce moment le messager passa au grand galop sur l’autre rive en jetant son cri :

— L’eau !… l’eau !… l’eau !

Blaise eut un frisson.

— Rebroussons chemin, prononça-t-il d’une voix déjà effrayée.

Robert haussa les épaules.

— Quand le ruisseau croîtrait d’un pied, dit-il, nous en aurions jusqu’au genou… La belle affaire !…

Un fracas sourd se faisait derrière les collines.

Bientôt une masse blanche et phosphorescente se précipita dans la gorge avec un mugissement.

Les deux chevaux se dressèrent sur leurs jar-