Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/162

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— Oh ! oui, reprit Robert, je veux changer de vie !… plus de mensonges !…

— Plus de mauvais coups ! dit l’Endormeur repentant et pénétré.

— Une vie honnête !

— Qu’importe la pauvreté, quand on a une bonne conscience ?

L’eau montait toujours et passait par-dessus leurs épaules. Ils parlaient bien sincèrement.

Quelques secondes s’écoulèrent. Robert distingua le premier dans l’ombre la forme noire du chaland. Cette bienheureuse vision porta une notable atteinte à son esprit de pénitence.

— Attention ! murmura-t-il, tout est peut-être pour le mieux… et nous allons arriver à Penhoël par la bonne porte…

— Est-ce que tu penses encore à ça ? dit Blaise qui gardait son accent contrit.

— Regarde !… reprit Robert.

L’Endormeur aperçut le chaland à son tour.

— Ah diable !… fit-il, c’est différent !…

Benoît Haligan poussa le bateau jusqu’au saule où se retenaient nos deux voyageurs ; puis il planta sa perche à l’arrière et se tint le plus loin possible des étrangers. Le maître de Penhoël opéra tout seul le sauvetage.

Robert et Blaise, cependant, ne voyaient